BlackOut est un roman. Attention donc il ne s’agit pas d’un essai scientifique. Il ne s’agit pas de son premier livre, puisqu’il en a écrit 4 autres mais sous son vrai nom « Marcus Rafelsberger ».
Je n’ai pas réussi à trouver pour l’instant beaucoup de renseignements sur les 4 premiers livres, mais il me semble que Blackout montre une rupture dans l’écriture de Marc Elsberg.
J’ai commandé ce livre, non pas par hasard, mais parce qu’effectivement j’en ai entendu parlé. Il me semble que c’est sur une vidéo traitant de l’effondrement. Impossible de me rappeler laquelle. Si jamais je remet la main dessus, j’ajouterai le lien.
Le point de départ
Posons rapidement le résumé rapide du livre. Un jour, en Europe, l’électricité est coupée. Situation que nous avons tous connu, soit au niveau de notre quartier, ou de notre ville. La plupart du temps lors d’un événement météorologique, d’une maintenance du réseau ou d’un coup de pelleteuse sur un poteau électrique ou un câble enterré. Mais dans BlackOut, on comprend assez rapidement que la cause demeure inconnue, que la dimension géographique est beaucoup plus grande, et qu’il n’y a pas d’indice permettant de penser que cela va vite revenir à la normale.
Dans l’article L’Effondrement je parle des 2 typologies d’effondrement rapide ou lent. Dans ce livre c’est bien un effondrement rapide auquel les protagonistes sont confrontés. Pourquoi rapide? Parce que l’électricité est nécessaire pour tout. Vraiment tout.
Le postulat de départ est intéressant car il se base sur des événements que nous voyons déjà autour de nous.
- Des tentatives de piratage ont régulièrement lieu sur des systèmes complexes. Ces pirates sont très organisés (voire même étatiques) et ont des objectifs bien identifiés. Nous sommes actuellement loin du piratage individuel qui relève plutôt du défi.
- Que vous soyez locataire ou propriétaire, actuellement et depuis quelques temps déjà, vous avez un compteur électronique. Le compteur Linky. Compteur qui est piloté à distance par votre opérateur. Et donc quoi qu’on en dise qui est piratable. L’ancien modèle l’était aussi mais pour tricher ou pirater le réseau de votre voisin, donc à très petite échelle.
Point d’ailleurs très intéressant en France le déploiement du compteur Linky n’a démarré qu’en 2015. Soit trois ans après la sortie du roman de Marc Elsberg.
J’ai beaucoup apprécié ce postulat de départ, car de mon point de vue il est très réaliste. Ce qui permet très rapidement d’entrer dans l’histoire.
Les personnages
Un petit bémol sur cette partie là. Au final il y a réellement qu’un seul personnage auquel on va s’attacher : Piero Manzano. Un ex-hacker italien qui par la force des choses se trouve dès le départ impliqué dans l’histoire. A force d’idées et d’intuitions il fait avancer l’intrigue. Évidemment à travers son interaction avec d’autres personnages. Mais tous très secondaires.
Ça n’est évidemment pas la grande force de ce livre, je ne vous le cache pas. On suit tout de même la vie (ou la survie surtout) de quelques personnes tout au long des dix jours de l’intrigue. Ce laps de temps est important. Car même si cela semble court, cela permet de voir au niveau de quelques personnages secondaires ce qui se passe réellement lorsque le courant s’arrête.
C’est je pense une partie qui aurait mérité d’être mieux développé.
Le timing
Toute l’histoire se déroule sur dix jours. Nous avons tous connu une coupure de courant d’au moins quelques heures et peut-être un peu plus comme une journée. Pour exemple il m’est arrivé (il y a quelques années), à cause d’un problème de facturation, qu’EDF me coupe mon accès à l’électricité. J’ai donc passé trois jours sans électricité. Situation pénible chez moi, puisque du coup plus d’éclairage, et plus de nourriture fraiche dans mon frigo. Mais quand je dis pénible, il faut relativiser car cette problématique était géographiquement limitée à mon appartement. Rien ne m’a empêché pendant quelques jours d’acheter de la nourriture au jour le jour. D’acheter des piles afin de lire tranquillement. Qui plus est un ballon d’eau chaude peut durer quelques jours si vous faites attention (sauf à être nombreux à tirer dessus).
Si vous reportez cet exercice sur une échelle géographiquement plus grande, les problèmes deviennent impossibles à régler ou à temporiser. Et c’est bien évidemment l’objet du livre. Nous faire découvrir notre dépendance à cette électricité. L’impact physique et psychologique d’un Blackout à grande échelle.
L’impact physique est simple à mettre en œuvre. Si vous en doutez vous pouvez même faire l’expérience chez vous. L’aspect psychologique est beaucoup plus complexe. Il est d’ailleurs assez faible au démarrage de l’histoire, d’autant que personne ne sait ce qui se passe et quelle sera la durée de la coupure. Comme nous avons tous quelques réserves en nourriture à la maison, il peut se passer deux ou trois jours avant que l’énervement ne commence. Énervement qui se traduira sans doute par une course contre la montre pour récupérer des ressources comme l’eau, la nourriture, l’essence, le gaz.
En conclusion
Globalement c’est un livre que j’ai apprécié. Ça n’est pas ma plus grande lecture, mais il est assez cohérent. Et il m’a beaucoup plu sur le scénario et sur la mise en place d’une hypothèse d’un effondrement rapide. Hypothèse qui pour moi est sans doute la moins « vraie ».
Blackout est donc un livre que je vous conseille de lire car il est clairement dans le sujet traité par ce blog.
Ce que j’ai le plus apprécié
Ce que j’ai le moins apprécié
- Le postulat de départ du scénario
- Le timing de l’histoire sur dix jours et donc les conséquences
- La bonne connaissance sur le fonctionnement des centrales énergétiques
- L’explication sur la fluctuation du courant et l’effet domino
- La prise de conscience et l’aspect psychologique au fil du temps
- Le manque de détail sur les personnages secondaires
- Le style d’écriture manque un peu de force
- Quelques incohérences sur la persistence du réseau Internet